Parcours de mémoires

Je rencontre Sylliana

 

         

 

 

 

 

Avant de partir avec Madriane la licorne sur les chemins de la montagne, le séjour de préparation aux futures révélations avait pris fin dans le lac. La nymphe Elvinia était satisfaite de ses incantations et comme toute nymphe adulte et vénérée par les plus jeunes, elle était possessive. Elle aurait voulu me garder dans son royaume, seulement elle avait conscience des bouleversements qui s’opéreraient bientôt. Elle me conduisit près de l’escalier minéral et déposa sur mes lèvres un baiser de mère. Etrange sensation sensuelle et charnelle pour un adolescent mais aussi émotionnelle car je m’attachais à elle, retrouvant ces liens qui me manquaient et me manqueraient tout au long de mes existences.

 

         Dès que j’eus posé les pieds sur l’herbe tendre, l’environnement me parut nouveau, transformé. Il me semblait comprendre les murmures de la forêt. Mon ouïe était devenue fine et  mes sens captaient toutes les nouvelles perceptions. Je savais que je devais apprendre et intégrer tout ceci en moi, me révélant ainsi en personnage nouveau. Cet éveil tant désiré par mon précepteur s’accomplissait par  mes actes .

 

           Mes réflexes me conduisirent vers ma hutte, mais il n’y avait plus de traces de celle-ci. Sur le sol, une étoffe d’un vert émeraude semblait m’indiquer un chemin à suivre. Tous les dix mètres, je trouvais au sol cette même étoffe. Je suivis donc ce tracé et au bout d’une longue marche, me faisant prendre conscience de la complexité du domaine du mage, j’arrivais dans une clairière ou un autel en pierre présidait. A proximité de lui, une adolescente était assise et regardait dans ma direction. Elle ne se leva pas et ne manifesta pas de signes de joies.

 

Je m’approchais d’elle et nous restâmes un long moment à nous observer. Je me présentais à elle.

-Bonjour, je m’appelle Shequem et toi ?

Pas de réponse, mais elle ne baissait pas les yeux. Ceux-ci étaient d’un noir profond, avec en périphérie des éclairs pourpres lui donnaient un potentiel magique intriguant et passionnel.

 

           J’insistais, de longs moments, en la contemplant aussi car sa silhouette ne me laissait pas indifférent. Elle avait, comme son regard, les cheveux noirs, et un filet de dentelles bleues et vertes  courait dessus. Ses cheveux descendaient jusqu’à la taille mettant en valeur un corps que seules les nymphes m’avaient montré auparavant.

 

Elle était vêtue en garçon et à sa taille pendait un stylet qui lui donnait une allure guerrière.

Elle ne bougeait toujours pas et je commençais à me lasser de cette rencontre, envisageant déjà de poursuivre ma route sans m’intéresser à elle.

Elle éclata alors de rire, et me dit :

 

-Pauvre petit Shequem, tu me dévores des yeux n’est-ce pas ? Tu es effrayé de trouver sur ta route une jeune fille ? Je te fais si peur que cela ?

 

Puis reprenant une allure plus posée, elle me dit,

 

-Je suis Sylliana, fille des Elfes des terres sombres. Mon peuple a disparu car les forces de l’ombre les ont réduits en esclavage. La lumière de la source ne nous protège plus au Nord et tous les êtres sont chassés ou périssent dans l’avance de l’armée des malfaisants. La magie des Elfes s’est manifestée, mais seuls les enfants de mon peuple ont pu être sauvés. Chaque clan a récupéré des enfants et ils vivent maintenant avec leurs cousins. Brocélian est venu me chercher dans les marais ou je m’étais enfouie. J’ai été blessée par une flèche tirée par un soldat. Mon sang a été corrompu par des miasmes douloureux. Mais le mage m’a soignée et m’a demandée de t’attendre, petit Shequem.

 

            Je ne pus jamais accepter de m’entendre appeler ainsi. Je n’étais déjà pas petit car je la dépassais de presque deux têtes, et que cette arrogance allait la suivre

 

          Elle se leva, puis venant vers moi, elle me prit la main et me toisant, me sourit et en me donnant un petit coup de poing dans les côtes me dit, « et bien en avant mon compagnon » et rajoutant doucement, « tu n’es pas mal, mon prince « et elle s’esclaffa de nouveau.

 

Décidemment, notre avenir direct allait devenir chaotique entre nous

 

 

Second poème :

 

Pourquoi devais-je t’aimer dès le premier regard

 

Quand mes yeux ont découvert les tiens

 

Je me suis perdu dans un abîme lointain

 

Et mon cœur bouleversé a demandé l’amour

 

Ton corps, ton parfum, cette féminité toute Elfique

 

Je me suis abandonné aux rêves les plus fous.

 

J’ai regardé ton corps, et je t’ai aimé, pourquoi, je ne sais

 

J’ai pressenti que les années seraient pour moi très difficiles

 

Pour ne pas sombrer dans l’abime de tes yeux

 

Pour ne pas te demander aussi de m’aimer,

 

Parce que malgré tout nous étions différents

 

Pourquoi donc devais-je t’aimer dès le premier regard

 

 

 

 

 

 

 

 

           Sur le chemin parsemé de feuilles multicolores, les pas de deux compagnons semblaient conditionner le silence de la forêt. Les petits animaux mystérieux couraient autour d’eux en jouant cherchant à lever chez les jeunes adolescents leur intérêt. Mais le garçon semblait interrogateur et la jeune fille ne laissait rien transparaître de ses sentiments. Elle jetait parfois des coups d’œil sur son voisin puis elle reprenait de suite une vision qui semblait se perdre très loin par delà les montagnes. Son passé lui manquait et ses terres aussi. Bien que bloqué par la magie, beaucoup de peuples n’avaient pas plongé dans le camp des démons. La volonté des divinités les avait jusqu’à présent protégée.

 

               Leur présentation n’avait rien arrangé, et chacun gardait maintenant une distance par rapport à l’autre. Pour le moment, les deux êtres tentaient de ne pas se frôler et surtout de ne pas se toucher, par peur d’une inconnue réaction qu’ils fuyaient. Mais les cœurs battaient au rythme de l’amour. Un amour cher aux avatars qui se révèlerait dans un temps encore lointain. Mais ils étaient promis l’un à l’autre. Il leur fallait avant tout s’affronter et développer l’intrigue pour se retrouver.

 

               Shequem marchait en tête s’appuyant sur un bâton qu’il venait de trouver. Bien épais et costaud il assurait le maintien de ce corps de garçon qui commençait à s’affirmer dans la puissance des muscles et la résistance d’un métabolisme déjà apte aux combats.

 

               Sylliana le suivait de près mais elle pouvait ainsi détailler chaque muscle de ce corps qu’elle découvrait. Elle, la fille Elfe des terres sombres. La princesse promise aux divinités, qui venait de perdre son peuple, ses amis et ses parents. La nostalgie gagnait son âme.  Elle qui jamais n’avait pu observer les premiers humains que les légendes donnaient comme les derniers survivants des prochains cataclysmes des temps futurs.

 

              Peu de choses opposaient les deux races, mais la beauté des Elfes était réelle. Leurs corps étaient racés, fins et musclés. Ils étaient endurants et cultivés. Les filles Elfes avaient souvent comme marraines des nymphes, ces demi-déesses des éléments qui aimaient tant tenter les êtres masculins et qui les plongeaient dans un amour perdu et éternel.

 

               Ils franchirent un petit pont de pierres et s’arrêtèrent sous un arbre imposant car la faim commençait à se faire sentir. Dans le domaine de Brocelian, tout venait quand les souhaits se posaient dans les besoins. Il y eut donc une table de deux places, avec deux chaises végétales tressées par le petit peuple des feuillages. Puis deux assiettes taillées dans un cristal de roche clair avec des reflets jaunes. Pas de couverts car en ce temps là, nous mangions avec les doigts, et oui vous le savez bien amis (lecteurs)

 

           Les deux chaises avaient été placées  sans possibilité de changer d’endroit. Ils durent donc s’asseoir l’un contre l’autre avec réticences d’ailleurs. Dès qu’ils furent assis, une musique s’éleva et le tronc de l’arbre s’ouvrit laissant le passage à une cohorte de petits animaux dansants et criants. A la suite du cortège, Elvinia, la nymphe du lac vint à eux, portant un plat avec des fruits savoureux et une boisson qui fit disparaître la fatigue de cette journée.

 

            Elvinia posa ses deux mains sur Sylliana qui ne protesta pas. Elle pleura même semblant évacuer toute son histoire récente. Shequem sentit son cœur battre et l’envie de la serrer contre lui prit naissance . Mais il se garda d’intervenir dans l’action d’Elvinia, la laissant finir la magie exercée sur Sylliana. Elvinia prit les mains des deux jeunes gens et les levant vers le ciel plaça cette incantation

«  Par la volonté de Séléné et la grâce des quatre directions que je nomme, le Nord, l’Ouest, le Sud et l’Est, je vous demande Dieux de l’univers de prendre sous votre protection les enfants de la source divine. Que l’avatar que je nomme Brocélian, les guide vers la sagesse et la grâce, même après ce qu’ils vont vivre, chacun dans sa quête, chacun dans son temps. Qu’il en soit ainsi « 

 

Ce fut le premier baiser que je donnais à Sylliana et qu’elle me rendit après qu’Elvinia disparut dans le ventre de l’arbre majestueux.

 

Troisième poème  L'être lumière

 

Il rayonne, car el lui réside maintenant la paix

Il a compris les liaisons subtiles,

Qui animent tous les éléments de la vie.

Son sourire est celui des étoiles,

Car dans ses yeux, elles brillent

Au firmament de la lumière

L'arc en ciel n'est pas figé

Ses couleurs deviennent une vibration.

Les esprits mauvais fuient

Mais certains tombent sous le charme.

Dans leurs cœurs meurtris

La lumière les prend dans son amour

L'être lumière forme une équipe

Qui vogue maintenant

Sur un bateau de lumière

Les îles de chacun deviennent communes

Elles changent aux désirs de des cœurs humbles.

Il y a de nouvelles portes de lumières

De nouvelles âmes en paix

Il y a les enfants, oui,

Ces merveilleux enfants, venant de si loin

Il y a la réminiscence de la vérité pour certains

Et l'ouverture de la conscience

Mon cœur palpite de mille chansons

De tous ces accords offerts aux plus humbles.

Les parasites s'estompent

Car la lumière rayonne davantage

Témoignons tous et toutes de cette vérité

Sans faux semblants, sans cacher notre nature.

Les mains offertes à la vie

Dans l'amour de la source, simplement mère éternelle

Quel plus beau témoignages de parler d'amour, en toute liberté

Débarrassé du carcan de la culpabilité.

Je me présente nu devant toi,

Car mon cœur est pur et rayonne dans la lumière

Rien ne ternira le message d'amour,

Universel par delà les plans

Notre bateau navigue sur les flots des sentiments

Pour offrir au cosmos la vérité de lumière

 

 

 

Quatrième poème   Transition

 

 

Je veux de ton écoute mon coeur, être cette poussière d'étoile

Pour que la sage légende des amours puissants

Viennent quérir dans mes larmes; la substance de la vie

Les frissons du grand bond, se sentent parfois présents

 

Quand mon corps me rappelle qu'il peut rompre son élan

J'entends alors, les litanies célestes, dissocier leurs eaux

Aussi belles que conscientes, dans nos âmes si aimantes

Dans mes visions présentes, je me voyais quérir

 

Dans des mondes ou d'autres vies, me tendaient les bras

Cette coupe ou le miel et le vin céleste

Me donnait la grâce de me sentir humain.

Me voici moi Shequem sur la dérive du temps

 

A confondre mes plaies avec mes miasmes rampants

Car je t'ai aimé d'un désir  puisant dans mon corps l’ivresse,

Sylliana, fille des ombres, ou es-tu à présent ?

Quand mes souvenirs caressent ce premier baiser

 

Et que tes mains se posèrent sur mon corps brûlant

La magie de Brocélian confondit notre jeunesse

Pour faire de cet échange, les prémices d’une conquête

Je perdis dès lors toutes notions de doutes

 

Pour vivre auprès de toi l’intense volonté d’aimer

Nous vécûmes ainsi trois petites années

Ou dans la tour du maître, nous acquîmes notre magie

Pour ensuite vivre la plus grande tragédie, inconsciente Sylliana

 

 

Par tes désirs cachés tu me livras au démon

Et dans mon cœur, je te perdis définitivement

Voici maintenant l’errance et les tourments

Et je crie chaque nuit à ma mère lunaire

 

Au combien est prenante cette éternelle prière

Moi qui erre, le cœur triste dans cette amnésie fatale

Que serais-je sans toi mon si fort amour

Le soupçon de mon corps me rend coupable souvent

 

Je ne peux plus aimer, et mes rêves m’emportent

Le sablier du temps supporte ma fuite à présent.

 

 

 

 

 



08/01/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 12 autres membres