L'enfance de SHEQUEM
Notre rencontre :
Dans cette vallée offerte à toutes les beautés imaginables, je passais de longs moments seul à la découvrir. Brocélian, m’expliqua que l’accès à la tour n’était pas pour tout de suite. Il fallait d’abord m’accoutumer à l’atmosphère particulière chargée en magie ancestrale. Je choisis donc de m’aménager une hutte en branches et en feuilles à proximité d’un petit lac et d’une cascade qui s’éparpillait joyeusement sur des galets et des rochers. Je trouvais cet emplacement propice à mes réflexions sur cette nouvelle vie qui s’annonçait.
La nourriture était abondante en fruits, en légumes qui poussaient de façon anarchique mais la magie dominait et j’eus vite fait de lier mes souhaits à la réalité sans jamais abuser de ce je pouvais consommer.
Ma hutte était agréable à vivre car le temps demeurait doux et tempéré. Au bout de quelques jours, un matin, une licorne se trouva à proximité du lac et buvait cette eau si pure et lumineuse. Je m’approchais d’elle et la senti curieuse et sereine. Elle n’éprouvait aucune peur, bien au contraire. Je respectais sa soif et m’assis sur un petit rocher. Quand elle eut fini, elle s’ébroua en tapant le sol de ses pattes avant. Puis elle vint à ma rencontre, doucement, sans se presser, en s’arrêtant parfois pour sentir une fleur. Je me dis que les licornes étaient bien malicieuses dans leur féminité. Je la voyais qui m’observait et elle prenait tout son temps, comme un jeu dans lequel elle voulait orienter les règles.
Et puis elle décida de communiquer, comme seule une licorne peut le faire. Elle passa par la pensée. Elle s’appelait Madriane et était détentrice des clefs de la crypte sacrée de GAYA. Clefs qui passaient par des fréquences émises par le cœur des initiés. Madriane résidait chez les Elfes du bois joli qui bordait la vallée du mage et permettait l’accès à la montagne. Cette forêt était interdite et des charmes empêchaient quiconque de s’en approcher. Seul Brocélian pouvait y accéder car il protégeait ce peuple.
Madriane m’apprit que ces Elfes différaient des autres peuples, car ils avaient accompagné sur cette terre l’avatar créé par la source divine. Il semblait que les anges avaient voulu ainsi accompagner sur ce monde l’un des plus beaux d’entre eux choisie par la source pour la représenter.
Elle passa quelques temps avec moi à m’enseigner les liens que chacun entretien avec les éléments. La nature, génératrice des sensations, des perceptions. La magie de l’eau dans les reflets des tourbillons et de cette vision sur les mondes profonds. J’appris à communiquer avec tous les êtres impalpables qui nous accompagnent dans les plans multiples environnants.
J’avais chaque jour la sensation de devenir différent, j’étais encore un enfant, presque adolescent. Mais mon cœur s’accordait avec amour avec tout ce qui m’entourait. Mon âme accédait à cette poésie instinctive qui souvent me faisait pleurer, car je ne pouvais pas encore comprendre ces pulsations émotives qui m’envahissaient.
La licorne ne pouvait qu’être merveilleuse, fragile certes, mais terriblement porteuse d’une magie différente, comme une image virtuelle conditionnée par les rêves. Je m’aperçus que progressivement la licorne devenait matière dans mon cœur. A mieux l’aimer et comprendre, elle peuplait mes souvenirs et intégrait mon ADN humain comme porteuse d’une évolution future.
Madriane aima Shequem, et Shequem aima Madriane. Nous courions sur les chemins, et je vis de plus en plus de petits êtres sauter de joie à notre approche. J’entendis les rires des nymphes que je ne pouvais pas encore apercevoir. Mais elles devaient certainement envisager les tracasseries qu’elles me feraient plus tard. Connaissez-vous les nymphes ? moi oui, et elles ne sont pas de tout repos, surtout quand elles décident de vous taquiner. Mais les nymphes devinrent aussi mes amies et à certains moments de mon adolescence mes amours. Chut ne le dites pas trop fort, parfois les souvenirs reviennent et là, je serai mal à l’aise pour justifier certains choix.
Un matin, cela faisait en temps terrestre 1 année que j’étais seul dans cette vallée, Brocélian choisit ma date anniversaire pour venir me voir. Madriane courba la tête et le toucha de sa corne lumineuse, qu’il caressa affectueusement. Il me dit :
« Mon fils Shequem, il est temps maintenant que tu passes la seconde étape de ton initiation. Après la recherche de toi même et la révélation de ta sensibilité, tu dois comprendre tes réceptions. Madriane va te conduire dans la montagne pour que tu rencontres le cristal d’amour, ce vaisseau qui jadis m’a conduit ici avec ma famille. Les Elfes seront tes guides, et te tu lieras avec Gwanaelle, ta sœur Elfe amie de Madriane. »
Il est temps aussi de te dire que bientôt, tu ne seras plus seul. Une autre apprentie poursuit aussi le même enseignement que toi dans cette vallée. Mais la magie régnante ne vous a pas permis de vous rencontrer. Elle se nomme Sylliana et vient des frontières du Nord, la ou l’obscurité gagne sur la lumière. Elle est fille de la nuit mais l’oracle du temps a décidé que vous seriez unis par l’enseignement des tables des avatars.
Brocélian disparut et je m’écroulais inconscient dans un sommeil qui dura une semaine. Du lac sortirent des sirènes et elles me prirent dans leurs bras. Un escalier d’eau apparut et elles l’empruntèrent pour me déposer sur un lit d’algues luminescentes. Elvinia la nymphe mère du lac vint vers moi et durant la semaine de sommeil, elle imprégna chaque cellule de ma peau d’un fluide d’éternité et c’est ainsi que commença l’éveil de mes mémoires
Premier poème des songes.
Mère, subtile et forte caresse qui me donne l’amour
Dans la senteur des épices divins je t’écoute
Tu me parles de cette cité, ou tu m’as conçu
Quand le flux et reflux du temps chargeaient mes mémoires
Je suis dans cette brume, que le lac dissipe
Par son eau je m’élève vers toi, serein et fier
De porter l’épée de ma longue destinée
J’irai dans les grottes souveraines embrasser le cristal
Pour qu’il me reconnaisse et accepte mes prières.
Chaque cellule de mon corps vibre et reçoit
Les fragments de ce livre au combien porteur de symboles
Je ferai de cet héritage, un idéal de vie
Pour construire ton royaume au delà des cataclysmes
Mon âme gardera ces mémoires car tu me le demandes
Comme une poussière d’étoile, je nommerai les justes
Et dans ce ciel magique, les astres chanteront
D’autres âges, d’autres temps nous nous retrouverons
Et nous danserons sans jamais cesser d’aimer
La magie de la création au combien renouvelée
Par la volonté de la source seule mère de toutes mères
Qui dans sa création appelle l’équilibre des décisions
Car la balance penche, de plus en plus vers le mal
Et nous, enfants de la pensée lumière nous armons notre idéal
Pour un renouveau cosmique recherchant nos lignées
L’échelle du temps n’aura plus de durée
Tant que ce qui sommeille dans nos profondes pensées
Pourra s’éveiller en toute gloire pour construire une nouvelle cité
Dans les temps futurs je serai, maître de ces pensées, je le ferai
Conduire les nouvelles âmes dans ton sanctuaire révélé.
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